Résolu 6. Trust fall [Daniel x Oden]

[Oden]

Oden avait presque l'impression qu'il était en train de mourir dans ses bras. Est-ce que c'est à ça que l'on ressemble quand on est désespéré ? Il balaya davantage les cheveux de Keith de son visage avant de coller sa joue contre son front, souriant.

" - Tiens, regarde, je suis tout chaud moi. Tu peux caler tes mains sous mon pull le temps de te réchauffer si tu veux."

Ses mains et avant-bras ne l'étaient peut-être pas, mais tout le reste si, dont ses joues. Oden n'était pas frileux, un peu de froid, qu'est-ce que c'est ? C'était comme avoir de la neige dans les bras. Ca faisait si longtemps qu'il n'avait pas vu de neige, de la vraie neige immaculée.

[Keith]

En sentant Oden faire ce qu' faisait -tout simplement être Oden, je me sentais rire de tout cet accumulé de douceur qu'il incarnait. Il était vraiment la douceur incarnée. Si je ne pouvais pas sentir toute la chaleur qui doit émaner de sa peau, je me prendrais au moins le soin de l'imaginer.

“-C'est vrai, tu es tout chaud...”

Je mentais, mais l'idée de pouvoir imaginer la chose me réconfortait. Son geste, à l'inverse me mettait encore plus exposé à sa nuque. J'inspirais son odeur discrètement, me délectant de cette saveur que je goûtais à peine. Non, que je ne goûtais pas du tout, que je ne goûterai pas. 

Vraiment ?

“-Tu sens bon, Oden.”

[Oden]

Oden se mit à rire un peu, amusé. Bon sang, dans quoi venait-il de s'embarquer ? En plus, même s'il appréciait la présence de Keith, les paroles de Daniel revenaient en mémoire. Il mourrait d'envie de retourner le voir et de lui dire pardon. Il se disait que s'il le faisait demain, ce serait peut-être trop tard. Mais dans ce cas là, est-ce qu'ils étaient fait pour être amis, s'ils étaient aussi impatients l'un avec l'autre ? Hm...

" - Arf, c'est qu'un parfum à la con. Je récupère les échantillons dans les magazines du Pandémonium puisque personne en veut ! Mais c'est bien pratique, et ça tient dans la poche."

Il se mit à serrer Keith un peu plus fort, l'espace de quelques secondes. Il avait quelqu'un dans les bras, mais sa froideur était comme... C'était comme s'il restait seul. Mais Keith était bien vivant, et n'aimerait pas à être rabaissé à ça, tout comme Oden n'aimait pas être rabaissé qu'à son albinisme.

[Keith]

Dans les bras d'Oden, j'ai fermé les yeux. En repassant ma langue sur mes dents avant, je sentais que mes canines étaient de sorties. Pour une raison que j'ignore, l'odeur qu'il dégageait me stimulait énormément. Il y avait de la faiblesse caché chez l'albinos que je peux ressentir à chacun de ses battements. Ça développait son attrait de mille.

Quand il se mit à me serrer dans ses bras, ma propre bouche se retrouvait collé contre sa peau. J'ai doucement inspiré. C'était tentateur, vraiment. En rangeant mes dents, j'ai embrassé son cou, doucement. Ne.le mords. Pas. Ne le mords pas.

[Oden]

N'étant pas sûr de ce qui était en train de se passer, Oden desserra un petit peu son étreinte. Il pouvait sentir les lèvres de Keith parsemer sa nuque de baiser, parfaitement là où Daniel avait déposé les siens. Il n'avait pas envie de penser à lui maintenant. Pour cacher son regard un peu déçu et boudeur, il s'enfonça contre l'épaule de Keith. S'il avait été plus petit, Oden aurait été obligé de se pencher trop bas, et c'était désagréable. En fait, y'avait pas que du bon à être si grand parfois. Oui, enfin à part Daniel en fait. Tout avait été parfait avec Daniel, s'il ne lui avait pas pris la tête avec ces espèces de marques à la con et sa possessivité presque toxique. A partir de ce moment là Keith pouvait bien faire ce qu'il voulait. Ses bras noués à ses hanches, il pinça son poignet, essayant de prendre son pouls. Oden haïssait ce genre de querelles futiles qui le mettait dans tous ses états. Il poussa un petit soupir contre Keith. Il se demandait s'il n'allait pas juste terminer la soirée maintenant et rentrer chez lui, dormir longtemps, et voir Daniel plus tard. Il n'avait pas envie de passer ses nerfs... Hein, certainement pas. Disons plutôt de l'utiliser pour oublier leur dispute avec son patron. Ce n'était pas respectueux pour lui.

[Keith]

Il n'y avait pas tant de monde que cela, autour de nous. Plus loin, derrière moi, dans la rue, c'est sûr. Cependant les gens préfèrent passer leur soirée dans le club plutôt qu'en extérieur. Il n'y avait personne pour nous voir. Je me provoque moi-même, à forcer un telle contact direct avec sa gorge, après tout on ne fait pas rentrer un alcoolique dans un bar, n'est-ce pas ? 

Je le sentais si frêle, contre moi, même à une barrière de ses veines, de son pouls, je ressentais son coeur et la fragilité qui faisait barrage à sa vie. Ça me terrifiait autant que la seule à laquelle je pensais, c'était de planter mes crocs dans cette peau si frêle, voir les perles de son sang couler tout le long, sentir la vie le quitter petit à petit. La lueur dans ses yeux s'éteignerait à mesure que je prendrais sa vie, jusqu'à ce qu'il soit tout aussi mort que moi. Mon instinct primaire de chasseur me donnait envie d'en finir au plus tôt, tandis que ma raison elle me suppliait de faire preuve de retenue. J'ai écouté la voix du démon. 

Je voulais prévenir Oden de s'en aller, de rentrer chez lui avant qu'il ne soit trop tard, sauf que je n'ai même pas pris conscience d'avoir enfoncé mes crocs dans sa jugulaire, collectant son poison à la source. Je n'écoutais plus rien, je n'entendais plus rien que cet instinct : tue-le.

[Oden]

Oden n'avait pas réellement eu le temps de comprendre ce qui s'était passé. Il releva à peine la tête, réfléchissant à vive allure quand ce qui semblait être l'adrénaline venait le frapper à la tête. Sa peau blanche pâlissait de plus belle, alors qu'il essayait de balbutier des paroles pratiquement incompréhensibles sous l'effet de la peur et de l'incompréhension qui s'emparait de lui. Ca ne servait à rien de le repousser, chose qu'il faisait, Keith ne bougeait pas. Plus il restait planter là, plus ça devenait douloureux. Au départ, il avait tenté de le tapoter doucement, pour le faire lâcher, maintenant Oden couinait, apprehensif.

" - A-attend, attend !"

Ca piquait réellement fort, est-ce qu'il allait lui arracher la gorge ? La tête lui tournait incroyablement fort. C'était comme si ses muscles ne réagissaient plus. Rapidement, il devint silencieux, se calant de nouveau contre Keith pour ne pas tomber. Lorsqu'il sentit son propre coeur commencer à se dérégler, Oden comprit qu'il allait y avoir un problème.

" - Stop, stop... Keith, je ne sais pas ce que tu fais, arrête..."

[Keith]

Je n'entendais pas. C'est comme si je m'étais retrouvé derrière l'écran, l'envers du décor, que j'avais décidé de en remettre à mon instinct, et le laisser au commande. Je voulais son sang, dont la faiblesse le rendait si riche et si unique, si ironiquement fort. Peu importe qu'il en écopait les conséquences en première classe : il fallait que j'étanche la soif qui s'est emparé de mon corps, tout comme je m'empare du sien. J'ai glissé ma main à son poignet, pour mesurer son pouls, et le sentir perdre en force, commencer à disparaître.

[Oden]

C'était si étrange, de tomber petit à petit, de perdre conscience en public. Oden savait pertinemment que quelque chose n'allait pas, et que Keith en était la raison principale. Mais Oden était incapable de crier, ou d'attirer l'attention de quelqu'un. Oden avait la nuque engourdie, et sa poitrine était serrée si fort, c'était comme si tous ses os s'étaient effrondrés sur son coeur. Plus aucun son ne sortait de sa bouche. Tout se floutait, sa vision se brouillait, perdait en couleur. Il ne lui fallut pas longtemps avant que ses jambes ne lâchent et qu'il se mette à basculer, à peine maintenu par Keith. Il n'était plus sûr de sa propre respiration.

[Keith]

Je serais incapable de m'arrêter. Non, je ne voulais pas le tuer, je ne voulais pas. Mais je me sentais impuissant, comme s'il était nécessaire, d'une nécessité absolue que je donne le coup de grâce à cette créature si frêle, pourtant c'est tout ce que je souhaitais. 

Je ne sais plus quand il fallait que je m'arrête, et ce n'est pas moi, qui a décidé de m'arrêter non plus. Le patron m'a violemment poussé, en récupérant le terrestre à demi-mort dans ses propres bras.

[Daniel]

“-Ne le touche pas !” aboyais-je

Il faut croire que ma fierté a du bon, quelque fois. C'est elle qui m'a incité à revenir sur mes pas, à récupérer Oden malgré son désaccord, et la scène sur laquelle je suis tombé m'a horrifié. Le vampire l'avait mordu, il s'était nourri de lui. Je le fixais, au bord de l'inconscience dans mes propres bras. Du sang émanait des deux petits trous à sa jugulaire, et lui ne semblait ne plus répondre de quoique ce soit. 

“-Oden, reste avec moi. Oden !”

Pas de réponse, quelque chose clochait. Certes, une morsure affaiblit forcément les terrestres, mais pas aussi rapidement. Non, jamais. Il faudrait qu'il l'ait mordu pendant des heures pour qu'il en arrive à ce stade là. Alors pourquoi ?

Mon regard se portait sur l'Enfant de la Nuit, responsable de l'acte.

“-Est-ce que tu es inconscient ? Faire ça à la vue de tous. Qu'est-ce qui t'as pris ?!”