10. Welcome to the Playground [Daniel x Oden]

[Daniel] 

Le problème qui au départ, était certes grave mais contrôlable allait bientôt me revenir en pleine tête. Deux jours après le meurtre terrestre au Pandemonium, j'ai reçu deux appels. Un d'un des inspecteurs terrestre chargé de l'enquête, et un autre de Masha, une de mes contact chez les Nephilims. Dans la voix des deux émanaient une incompréhension ainsi que de la déception que je compris plus tard. Alors apparemment, le corps de la victime aurait disparu. La cerise sur la gâteau, personne ne comprend comment cela a pu se produire. Encore une fois ça démontrait bien l'incompétence des deux instances, qui ont trouvé bon jugement de me prévenir moi. Qu'est-ce qu'ils attendent de moi, exactement ? Jusqu'à preuve du contraire je suis ni plus ni moins que le garde-fou des Créatures Obscures, mais il ne me semble pas avoir signé pour faire la police à temps plein. 

L'affaire s'est retrouvée classé sans suite. Toujours est-il que ce problème de procédure a fait que la réouverture du club, qui aurait pu prendre des semaines s'est vu écourté de deux. Le jour J, il y avait quelques personnes présentes le soir du meurtre qui étaient de service, ça se lisait sur leur visage du moins. D'autres ont eu vent des rumeurs, mais n'ayant aucune attache émotionnel vis-à-vis de l'événement n'en parlent que pour faire le grand bruit. Les choses sont à peu près revenus à la normale.

[Oden]

C'était après de longues semaines d'inactivité qu'Oden avait pu reprendre son travail, comme tous les autres avec lui. Certains avaient abandonnés le job, mais les démissions restaient rares. Oden les comprenait. Les clients, eux-aussi, avaient du mal à revenir. Personne ne se quittait des yeux, la plupart restaient en groupe, chacun faisaient attention à leur boisson, et ce genre de truc.

Alors, patiemment, Oden attendait que quelqu'un vienne perturber sa longue attente, les bras croisés sur le bar. Ses mains étaient plongé dans un petite bol d'eau fraiche avec les glaçons tombés sur le sol, qu'il ne pouvait pas servir. Les odeurs, les gens, le bruit, la chaleur. Oden n'avait plus réellement l'habitude, alors son petit bol d'eau fraiche était comme un réconfort.

En une fraction de seconde, le Suédois avaient des frissons qui lui parcouraient l'échine. Ses yeux s'écarquillèrent, alors qu'ils suivaient dans la foule une ombre esseulée et discrète. Est-ce qu'il voyait bien ce qu'il voyait, en face de lui ? Peut-être était-ce une hallucination ? Oden ralava sa salive, sans le perdre des yeux en se redressant. Des gouttes d'eau perlaient sur le bout de ses doigts.

[Daniel] 

Plus personne n'osait aller dans la petite salle où le crime avait pris vie. Désormais, c'était devenu une sorte de pièce maudite qui condamnait tout ceux qui rentraient à l'intérieur. Cette pièce à l'origine n'était utile que pour servir de dépôt et récupérer les chaises, si jamais il devait y avoir un évènement à fêter particulier ou autre. Elle ne servait pas à grand chose si entretien il doit y avoir. 

J'avais repris mon petit rôle de gardien rapidement. Peut-être même un peu plus sérieusement que par le passé en réalité. Si je peux éviter qu'une catastrophe comme celle-ci se produise de nouveau, il fallait que je mette toutes mes chances de côté. C'était comme garder des enfants en quelques sortes, certains n'ont pas conscience des dangers qui les abritent. 

Un mouvement furtif a capté mon attention, quelque chose de beaucoup trop rapide pour être quoique ce soit de terrestre. Il s'agissait d'un mouvement titubant, un nouveau né qui découvrirait juste comment apprendre à se servir de ses deux jambes. Là encore, je plissais des yeux jusqu'à finalement comprendre. Le teint livide, son visage. À la révélation que je venais d'avoir, je restais bouche bée. De tout ce qui aurait pu se passer, il fallait que ce soit ça.

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L'homme était effrayé, ça se lisait sur son visage. Pourquoi pouvait-il entendre tous les coeurs battrent à l'unisson, sentir le sang couler dans les veines. C'était un appel immanquable, quelque chose de plus grand que lui, qui lui suppliait d'étancher sa soif une bonne fois pour toute.

Il poussait maladroitement tous les gens sur sont chemins, pour rejoindre un endroit qui semblait isolé. Il avait besoin de comprendre ce qu'il s'était passé. Il s'est senti mourir, et il est revenu à la vie en se frayant un chemin depuis la terre. Mais comment ?

Comment ?

[Oden]

Personne ne semblait le remarquer. Oden cherchait des yeux des collègues qui auraient pu découvrir ce qui était en train de se passer, et s'il n'était pas le seul à subir ce qui lui semblait être un craquage émotionnel total. Son corps semblait si désarticulé, il avançait avec maladresse, on aurait dit qu'il pourrait s'effondrer d'une minute à l'autre. Il ne savait pas quoi faire. L'interpeler ? Oden allait paraître terriblement idiot s'il se mettait à parler seul.

Sa respiration s'emballait, alors qu'il pâlissait. Comme seule solution, Oden ne pensait qu'à Daniel. Il était toujours calme et composé, rien ne semblait jamais l'atteindre. En levant les yeux, Daniel était abaissé sur la foule. Son visage trahissait lui aussi la même inquiétude qu'Oden. Ses yeux suivaient eux aussi la démarche lente de l'inconnu qui venait d'entrer. Il le voyait aussi ? C'était une vision terrifiante. On aurait une dit une créature qui essayait d'apparaître humaine, à l'intérieur de cette foule inconsciente.

[Daniel]

Le pièces du puzzle s'assemblent au fur et à mesure que les informations qu'on m'a donné n'arrêtent pas de tourner en boucle.

Le corps a disparu.

De tous les Enfants de la Nuit qui pouvaient passer le seuil de cette porte, il a fallu que l'univers choisisse celui qui était mort deux semaines avant. On pouvait parler d'une mauvaise blague, moi je trouvais ça tout sauf drôle. Surtout qu'il ne passe pas inaperçu avec son teint livide de mort-vivant et sa démarche. De tous les lieux, il a fallu qu'il revienne ici. 

Là, il faut que je descende. D'accord, mais pour faire quoi ? N'importe quoi, il ne peut pas continuer à s'exhiber comme ça à la vue de tous, ou quelqu'un finirait par le voir, pire, par le reconnaître. Fais chier, il manquerait plus que ça. 

Je suis parti aussi vite que j'ai pu, descendant les escaliers à une vitesse fulgurante. Je ne sais pas à quel moment j'ai eu la merveilleuse idée de prendre mon téléphone et d'envoyer un message rapide à Masha, je n'avais pas le temps d'expliquer, alors je suis parti sur le simple mais très efficace “URGENCE À LA BOÎTE”, qui au moins titillera assez sa curiosité. Il le fallait, parce que je descends, mais je n'ai aucune idée de ce que j'ai l'intention de faire.

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L'homme était appeuré, et quelques gens commençaient à se retourner sur cet étrange phénomène. Quelque chose sonne faux, quand on le regarde. La personnification parfaite d'une âme perdue dans le royaume des vivants. Mais lui ne voulait qu'une chose, retourner au seul endroit dont il se rappelait : celui où il a perdu la vie. Trouver le moindre indice qui lui permettrait d'avoir le fin mot de l'histoire.

 Après tant bien que mal, il parvint à s'éloigner du bruit, des lumières et des hommes, en particulier. Ça n'y changeait rien, il y avait une soif de sang viscérale qui l'appelait. Mais au moins, il ne serait pas tenté de blesser quique ce soit, non, il ne voulait blesser personne. Il emprunta désormais le long couloir, comme s'il ne l'avait jamais quitté dans un premier temps.

[Oden]

Les choses commençaient de plus en plus à devenir flou, lorsque Daniel s'est mis à descendre les escaliers en trombe. Quelque chose clochait, Oden ne savait pas quoi, si ce n'est que les deux hommes semblaient reconnaître le même cadavre sur lequel Oden était tombé des semaines auparavant. C'était suffisant pour entraîner une réaction en chaîne. Oden, à son tour, quitta le bar et essaya de se faufiler dans la foule. C'était plutôt facile de trouver Daniel dans tout ce petit monde, et rapidement, un peu poussé par les autres, Oden se retrouvait nez à nez avec Daniel, tout en pointant le cadavre qui marchait au loin.

" - Hey hey, Daniel ! Je crois qu'il y a un problème, mais je ne sais pas si c'est lui ou si c'est moi..."

[Daniel] 

Aujourd'hui je déteste que le club soit suffisamment populaire pour qu'il y ait autant de monde même après les évènements récents. Je devais me frayer un chemin avant de perdre définitivement de vue le cadavre sur patte. Il m'arrivait de pousser en m'excusant, et d'autres fois je ne prenais même pas le temps d'en faire autant, jusqu'à tomber sur Oden. Comme avec tous les autres, je m'apprêtais à le pousser en lui expliquant que je n'ai pas temps pour quoique ce soit de ce qu'il s'apprête à me dire mais il m'a pris de court. À sa déclaration, j'ai cru raté un battement.

De tous, il fallait que ce soit Oden qui l'ait apperçu. Lui, le même homme qui est tombé sur le cadavre des semaines en arrière, qui a eu le temps de mémoriser son visage et de l'identifier. 

L'univers. Se fout de ma gueule. 

“-Oden, j'ai pas le temps. Retourne travailler.”

C'est bien peut-être la première fois que je ne lui accordais pas un minimum de mon temps, au point même que je ne m'étais pas rendu compte que ma voix avait pris une allure sombre. Bientôt, je passais derrière lui, pour espérer enfin sortir de l'affluence dans laquelle j'ai été pris

[Oden]

Oden s'était immobilisé immédiatement. On n'avait jamais pris un ton aussi autoritaire avec lui. Personne ne le bousculait jamais vraiment non plus, on avait toujours fait en sorte de ne pas le brusquer. Le tenir loin de tout ce qui blesse et de tout ce qui coupe. Les paroles de Daniel, si elles avaient un bon fond, avaient été très mal prises. Les disputes, aussi désagréables Oden les trouvait, étaient supportables. Mais se montrer aussi froid sans aucune raison, ça, c'était autre chose. Ses bras lui tombaient le long du corps, en observant Daniel s'en aller à la poursuite du fantôme. Ce n'est pas juste, avait-il pensé. Pour se rassurer, il resserrait sa main autour de son poignet droit. Ca n'avait rien de rassurant. Son poux battait un rythme douloureux. Il n'était pas au bord de l'évanouissement, mais il se sentait tout comme.

" - C'est la première fois que tu m'adresses la parole depuis..."

[Daniel]

Ce serait le ponpon qu'Oden découvre le pot aux roses, vraiment. Alors j'utiliserai toute l'agressivité possible si ça le permettait de ne pas aller fouiller plus loin. En même temps, maintenant qu'il a vu ça, je ne me voyais pas le justifier, très difficilement. 

Sorti de la foule, je regardais dans la direction qu'Oden m'avait pointé, le couloir était déjà vide. Il ne pouvait pas être parti bien loin. Je calmais ma course en m'aventurant à mon tour dans le couloir que, je suppose, il a dû emprunter. Et encore une fois, c'était trop gros pour n'être qu'une coïncidence. Je sais ce qu'il y a, au bout du couloir.

Quelque mètres au dessus de moi, je pouvais appercevoir le vampire planté devant la porte ouverte, les yeux écarquillés. D'ici, j'arrivais à l'entendre balbutier, former des phrase qui n'aboutissent à rien. 

“-Pourquoi il n'y a rien...?” murmurait-il 

Mes pas ont fini par se faire entendre, et il a violemment tourné la tête vers moi.

“-Vous êtes qui ?! Qu'est-ce qui m'arrive ?”

Bordel, et dire que j'ai signé pour ça.

[Oden]

Le Suédois ne savait pas ce qu'il devait faire. Obéir à Daniel serait la meilleure des solutions, il ne voulait pas le mettre en colère plus qu'il ne le semblait déjà. L'envie de le suivre était tentante, pour avoir le fin mot de l'histoire. Au fond, le monde ne s'arrêtait pas à Daniel, ce n'était qu'une personne de passage dans sa vie, et Oden n'avait aucun problème contre cette idée. C'était le fait de le décevoir, dans un moment de détresse. Peut-être que Daniel se rendait compte qu'il n'avait pas besoin d'Oden dans ses pattes, et qu'il valait mieux partir de là. Il balbutia un "laissez-moi tranquille" timide à ceux qui lui tournaient autour, avant de se séparer de la foule et de rejoindre le bar qu'il avait quitté auparavant. Il ne se plaçait juste pas derrière, mais bien à côté des clients, en réfléchissant. Oden avait, lui aussi, beaucoup réfléchis à l'envie de quitter cet endroit. Il lui suffisait juste de rendre son costume et de partir, peut-être envoyer une lettre pour être formel, et puis voilà. Il jeta un dernier coup d'oeil vers le couloir dans lequel Daniel était parti, en réfléchissant.